On attend souvent de la photographie, encore aujourd’hui, qu’elle atteste du réel,
qu’elle soit définition de quelque chose, qu’elle nous aide à circonscrire le monde,
telle une prothèse du discours. Les images aspirent ici à autre chose, expriment-expirent autrement, dans cet entredeux du réel qu’est l’imaginaire, l’affect, la projection.
Il est question de laisser planer le doute, l’ambiguïté, vertu de l’Asie, effroi des rationalistes.
Il s’agit de laisser regards et sensibles s’entremêler pour qu’une histoire, des histoires puissent émerger ici pour chacun(e). Les photographies sont des vues sur des fragments, des éclats de nos vies, nostalgie et tension mêlées.
C’est le chœur des photographies qui produit la narration, narration éclatée. Il apparaît comme un chemin intérieur. Les images sont émotives. Du réel surgit le mouvement confus et précis à la fois de l’évocation affective. Les photographies appellent le récit tout en empêchant sa clôture, elles attisent le regard tout en ne donnant pas la clé de cette tension. Des images qui parce qu’elles disent sans expliquer viennent soutenir la faculté imaginative. Au coeur de cette intention aveugle, le montage des images entre elles comme un choeur d’images, comme l’équivocité foncière de l’image – et son respect.
De plus en plus, lors des expositions, je joue avec les différentes surfaces photographiques, pour créer de nouveaux espaces de récits possibles. La vitrophanie notamment, m’apparaît comme une trouée dans l’espace du visible ordinaire, une trouée vers un imaginaire qui pourtant dialogue avec le présent, avec l’architecture. Coller des images au mur, grâce au dos bleu, intervient comme un écho à la fresque classique, où la photographie n’est plus cet objet précieux, ni pour autant simple affiche…
















